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Développement international

La pomme de terre, levier d’autonomie pour les agricultrices du Mayo-Kebbi

23 mai 2025

Dans la région du Mayo-Kebbi, au Tchad, les femmes doivent trouver de nouveaux moyens de subsistance pour éviter de surexploiter les ressources du parc national dans lequel elles vivent. Un défi qui fait appel à leur confiance, leur capacité d’innover et leur résilience… mais une histoire qui finit bien! 

Avec le projet ELLESadAPt, que nous réalisons avec l’appui financier d’Affaires mondiales Canada et en collaboration avec Baastel et Noé, nous avons accompagné ces femmes pour identifier avec elles des pistes d’action concrètes et viables. La solution retenue : introduire la culture de la pomme de terre, une production jusque-là inexistante dans la région. 

Pour y arriver, les agricultrices ont dû adopter des pratiques agricoles et solutions fondées sur la nature complètement nouvelles pour elles. Elles se sont entre autres lancées dans la production de compost pour enrichir la terre tout en recyclant leurs déchets. Elles ont aussi appris à fabriquer des biopesticides à base de piment et de neem (un arbre local, aussi connu sous le nom de margousier) pour éloigner les ravageurs. 

Ensemble, elles ont mobilisé leur savoir-faire et leur détermination pour faire de leur ambition une réalité. Et elles y sont parvenues! Après quatre mois de labeur, pendant lesquels elles ont rigoureusement suivi l’itinéraire technique établi avec elles, elles ont récolté trois fois plus de pommes de terre que ce qui avait été anticipé initialement.

Une récolte prometteuse… et de nouveaux défis

La pomme de terre étant une denrée nouvelle pour la communauté, cette première récolte a suscité une demande accrue qui a contribué à rehausser les revenus des agricultrices. Elle a aussi permis aux femmes de diversifier l’alimentation de leur famille.

Quels sont les prochains défis pour les agricultrices du Mayo-Kebbi? Outre celui d’apprendre à cuisiner la pomme de terre, elles devront faire en sorte que les terres nouvellement enrichies et porteuses de bons revenus ne soient revendiquées par les hommes. Cela présuppose un important travail de plaidoyer, mais aussi un meilleur accès des femmes aux services financiers qui leur permettront de conserver le contrôle de leurs terres. 

Dans cette perspective, nous travaillons avec l’UCEC-MK, une coopérative financière locale qui a vu le jour grâce aux efforts d’un prêtre québécois désireux de faire rayonner la mission et le modèle du Mouvement Desjardins. Fondée en 1980, cette coopérative est maintenant bien implantée et est un vecteur de développement et d’autonomie économique majeur pour les populations vulnérables du Tchad. 

Aujourd’hui, les succès remportés par les groupements d’agricultrices avec lesquels nous avons travaillé suscitent de l’intérêt dans toute la région. « De plus en plus de femmes veulent adhérer à notre groupe, mais nous tenons à consolider nos bases tranquillement avant d’élargir nos rangs. C’est un beau défi! » témoigne Justine Ferbeubé, présidente du groupement Pkinbé, dans le village de Tréné.