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Tendances des matières premières

De nouvelles craintes sur l’approvisionnement énergétique européen

17 décembre 2024
Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège
Marc-Antoine Dumont, économiste senior • Florence Jean-Jacobs, économiste principale

Faits saillants

  • L’approvisionnement européen en énergie se retrouve de nouveau en eaux troubles alors que l’Ukraine a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas l’entente qui permet à la Russie d’utiliser ses oléoducs pour exporter du gaz naturel vers l’Europe. Si elle a lieu Lien externe au site. (en anglais seulement), la fin de cet accord, prévue en décembre, n’aura tout de même pas les mêmes conséquences que l’éclatement de la guerre en Ukraine en 2022. La part de la Russie dans l’approvisionnement européen de gaz naturel est passée de 50 % en 2021 à 13 % en 2024. Cela dit, certains pays comme la Slovaquie et la Hongrie dépendent encore du gaz russe et pourraient se retrouver dans une situation plus difficile. De plus, il ne s’agit pas du seul enjeu concernant l’énergie sur le Vieux Continent alors que des températures plus froides que la normale ont provoqué une baisse hâtive des stocks de gaz naturel en novembre et une montée des prix du gaz naturel et de l’électricité. La situation sera à suivre de près, et ce, même si l’approvisionnement énergétique en Europe est somme toute déjà sécurisé pour l’hiver 2025.
  • L’offre abondante et la faible demande ont continué de peser sur les cours pétroliers. Alors que le prix du WTI (West Texas Intermediate) s’élevait à près de 85 $ US le baril en juillet, il se trouve sous la barre des 70 $ US au moment d’écrire ces lignes. L’OPEP+ a d’ailleurs encore une fois repoussé la hausse planifiée de sa production de décembre à avril. Cela n’empêchera toutefois pas le marché de retourner en situation d’importants surplus. Comme mentionné dans un récent Point de vue économique Lien externe au site., la forte inéquation entre l’offre et la demande de pétrole anticipée en 2025 augmente les risques de correction des prix. Du côté américain, le retour de Donald Trump à la Maison−Blanche ne devrait pas provoquer une forte hausse de la production américaine de brut. Le niveau des prix est simplement trop bas tandis que nous prévoyons un prix moyen du WTI de 70 $ US le baril en 2025.
  • Le prix de l’or a poursuivi sa hausse, atteignant 2 690 $ US l’once au moment d’écrire ces lignes. Bien qu’il puisse perdre quelques plumes à très court terme, nous avons révisé à la hausse notre prévision pour 2025, avec un prix moyen de 2 725 $ US l’once. Nous attribuons cette croissance à trois principaux facteurs. D’abord, la demande provenant de l’investissement sera soutenue par la baisse des taux d’intérêt et une certaine spéculation sur le prix. Ensuite, les achats des banques centrales continueront. Enfin, l’incertitude géopolitique et les inquiétudes concernant la valeur du dollar américain, l’implantation de nouveaux tarifs et le déficit gouvernemental américain pousseront plusieurs investisseurs vers la valeur refuge. Du côté des métaux de base, de légères hausses de prix sont attendues en 2025, notamment grâce à la baisse des taux d’intérêt et au redressement graduel de la production industrielle européenne. Cependant, plusieurs risques entourent ce scénario, comme les mesures protectionnistes qui pourraient être décrétées par la nouvelle administration Trump, le contexte économique fragile de la Chine ainsi que les craintes concernant l’approvisionnement énergétique en Europe.
  • Contrairement à la tendance saisonnière habituelle, caractérisée par une baisse de l’activité de construction résidentielle en Amérique du Nord, les prix du bois d’œuvre ont augmenté de près de 10 % entre la fin octobre et la fin novembre. Malgré un léger fléchissement en décembre à ce jour, la tendance depuis la fin juin est haussière. La baisse de l’offre des scieries y est pour quelque chose. La demande pour des réparations post−ouragans (Helene puis Milton) pourrait aussi avoir aidé à soutenir les prix cet automne. On peut s’attendre à ce qu’une reprise de la demande redonne un élan aux prix du bois aux alentours du printemps. D’ici là, l’accélération des expéditions avant la mise en place de potentiels tarifs sous l’administration Trump pourrait soutenir les prix. Les prix des pâtes et papier, quant à eux, demeurent stables (graphique 5).
  • Les denrées agricoles ont atteint un creux en août à la Bourse de Chicago, sans rebond très convaincant depuis (graphique 6). En revanche, le rapport de décembre de l’USDA Lien externe au site. écarte les craintes de nouvelle dégringolade. La météo au Brésil et en Argentine sera déterminante pour les productions de soya et de maïs. À moins de surprises de ce côté, les facteurs haussiers et baissiers sont à peu près équilibrés pour le maïs, le soya et le blé. La faiblesse du huard est favorable aux exportateurs de grains canadiens, bien que des inquiétudes pèsent quant à l’imposition possible de tarifs par les États−Unis en 2025. Des représailles commerciales de la Chine, ciblant le canola canadien Lien externe au site., ont aussi été évoquées en réponse au tarif de 100 % appliqué sur les véhicules électriques chinois – l’investigation antidumping de la Chine est toujours en cours.
  • À ces risques s’ajoute l’incertitude qui continue de planer sur l’efficacité de la chaîne logistique au pays, en raison des conflits de travail qui se sont multipliés dans la dernière année, dont le plus récent touchait le port de Montréal.  

Ajustements aux scénarios

  • Énergie : révision à la baisse des prix du pétrole.
  • Métaux de base : révision à la hausse du prix du cuivre en 2025.
  • Métaux précieux : révision à la hausse.

Principales matières premières







Prix des matières premières



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