- Sonny Scarfone
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Québec : les cibles budgétaires tiennent bon malgré le ralentissement économique
Il y a une semaine, le gouvernement du Québec publiait ses comptes publics pour l’exercice financier 2024‑2025 (EF25). Le déficit estimé pour cet exercice s’est réduit, passant de 8,1 G$ à 5,2 G$, avant les versements au Fonds des générations, soit l’équivalent de 0,8 % du PIB. Cette amélioration budgétaire, déjà évoquée dans les résultats préliminaires présentés à la fin juin, s’explique par des revenus autonomes plus vigoureux et des dépenses inférieures aux prévisions (tableau 1). La dette nette de la province en proportion du PIB demeurait inchangée à 38,7 %.
Le jour même, le gouvernement du Québec publiait sa mise à jour budgétaire du premier trimestre (avril ‑juin) pour l’exercice financier 2025‑2026 (EF26). Le déficit projeté demeure inchangé à 11,4 G$, soit 1,8 % du PIB (graphique 1). Cette stabilité du solde budgétaire reflète des révisions relativement modestes de ses composantes : des prévisions de revenus à la hausse sont contrebalancées par une augmentation des dépenses dans le secteur de l’éducation, ainsi que par des coûts plus élevés liés au service de la dette.
Cette stabilité budgétaire contraste avec la faiblesse de l’activité économique observée au cours du même trimestre Lien externe au site., alors que le PIB du Québec s’est contracté à un rythme annualisé de 2,4 %. Malgré ce ralentissement, les revenus gouvernementaux sont demeurés au rendez‑vous, soutenus notamment par la résilience du marché du travail. À cet égard, les revenus tirés de l’impôt sur le revenu des particuliers au cours du trimestre (avril à juin) ont affiché une hausse de 8,9 % sur un an, conformément à la croissance cumulative du nombre d’emplois et des salaires depuis un an (graphique 2). Les recettes provenant des taxes à la consommation ont progressé de 7,0 %, ce qui concorde avec la robustesse de la demande intérieure observée, tandis que les revenus de l’impôt des sociétés ont également enregistré une forte augmentation de 21 % par rapport à la même période un an plus tôt. Au total, les revenus pour l’exercice 2025‑2026 ont été révisés à la hausse de 480 M$, dont 350 M$ provenant des revenus autonomes et 130 M$ des transferts fédéraux.
Les dépenses de portefeuilles étaient en hausse de 5,5 % sur un an. Toutefois, les prévisions de dépenses totales pour l’exercice 2025‑2026 demeurent inchangées, une augmentation de 250 M$ dans le secteur de l’éducation par rapport aux montants présentés lors du dépôt du budget en mars étant compensée par une réduction équivalente, mais non précisée, dans les « autres portefeuilles ». Par ailleurs, les charges liées au service de la dette ont été révisées à la hausse de 480 M$, soit un montant équivalent à la révision des revenus totaux. Cette révision reflète l’évolution des taux d’intérêt à long terme depuis le printemps dernier.
Pour le reste de l’exercice 2025‑2026, les risques entourant les prévisions de déficit semblent pencher en faveur de déficits plus faibles. Les revenus sont demeurés stables malgré les signes de ralentissement économique, et une amélioration de la conjoncture demeure plausible; celle‑ci constitue notre scénario de base pour le reste de l’année. Les dépenses, qui au premier trimestre ont suivi leurs tendances saisonnières habituelles, c’est‑à‑dire qu’elles étaient conformes aux cibles à atteindre d’ici mars, devraient permettre de respecter les objectifs budgétaires, dans un contexte de fort ralentissement de la croissance démographique (progression de 0,7 % sur un an au premier juillet, graphique 2).
Le maintien de la réserve de prévoyance à 2 G$ devrait suffire à absorber les risques baissiers résiduels. Au‑delà de l’exercice 2025‑2026, des ajustements importants des revenus et des dépenses seront toutefois nécessaires pour atteindre l’objectif de retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2029‑2030, comme prévu par la Loi sur l’équilibre budgétaire. Un écart de 2,5 G$ restait à identifier lors du dépôt du budget. La mise à jour économique de l’automne devrait offrir une meilleure visibilité sur la stratégie du gouvernement pour atteindre cette cible.
Cela dit, les élections provinciales, qui auront lieu dans 367 jours, viendront inévitablement avec leur lot de promesses de baisses de revenus et de hausses de dépenses. Espérons que la rigueur prévaudra lorsqu’il s’agira d’identifier les contreparties budgétaires que les partis mettront de l’avant. Le cadre budgétaire n’offre pas une marge de manœuvre suffisante pour absorber des engagements non chiffrés.
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