- Sonny Scarfone
Économiste principal
Québec : chômage en hausse et précarité grandissante sur le marché du travail
Faits saillants
- Le marché de l’emploi au Québec a enregistré une progression de 23 400 postes en juin, portant la création nette d’emplois à 32 100 pour la première moitié de l’année.
- Le taux de chômage a toutefois connu une hausse marquée, passant de 5,8 % à 6,3 %, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis la pandémie. Cette augmentation s’explique principalement par une forte croissance du taux d’activité, qui a atteint 65,4 %, son sommet depuis 2023.
- La composition des gains d’emploi demeure moins favorable. Les postes à temps plein ont reculé de 15 500 depuis le début de l’année, tandis que la totalité de la croissance (+47 600) provient des emplois à temps partiel. Parmi les signes plus positifs, le secteur privé affiche une meilleure performance depuis janvier, avec 35 000 emplois créés.
- Sur le plan régional, la plupart des régions affichent un taux de chômage plus élevé qu’à la même période l’an dernier. La hausse est particulièrement marquée dans des régions manufacturières ou riches en ressources naturelles, comme le Saguenay–Lac‑Saint‑Jean (+1,8 point de pourcentage), la Mauricie (+1,6) et l’Abitibi-Témiscamingue (+1,5). À Montréal, le taux de chômage atteint 8,6 %, un sommet depuis la pandémie, et plus du double de celui de la Capitale‑Nationale (4,2 %).
Commentaires
La hausse de l’emploi ne constitue pas le principal fait saillant de ce rapport mensuel. Alors que l’administration américaine ravive les menaces tarifaires pour le 1er août, les signes de précarité sur le marché du travail deviennent plus visibles.
Après une année 2024 solide, la première moitié de 2025 offre un portrait plus contrasté. La majorité des emplois créés sont des postes à temps partiel. Le taux de chômage est en hausse et s’établit à 6,3 %, mais grimpe à 7,6 % en incluant les travailleurs découragés et ceux à temps partiel souhaitant un emploi à temps plein – un sommet depuis la pandémie. Le taux de chômage des jeunes a d’ailleurs augmenté à 11,5 %, signe que l’embauche demeure limitée.
Sur le plan sectoriel, les gains se concentrent dans certains services, comme le commerce de gros et de détail ainsi que les finances. En revanche, tous les secteurs de production de biens reculent, notamment la construction (-17 800). Le secteur manufacturier, plus exposé aux tensions commerciales, limite les pertes à 5 200 emplois depuis janvier.
Dans ce contexte de marché moins tendu, les pressions salariales s’atténuent : les salaires progressent de 2,3 % sur un an, comparativement à une inflation annuelle de 1,7 % au Québec.
Implications
Le retour des tensions commerciales attire l’attention cette semaine et laisse présager que l’incertitude économique ne se limitera pas à la première moitié de l’année. Au Québec, malgré des résultats globaux meilleurs que redoutés pour les six premiers mois de 2025, le marché de l’emploi montre des signes de précarité. Dans ce contexte, un important ralentissement économique pour le Québec demeure le scénario privilégié, comme le soulignent nos plus récentes prévisions Lien externe au site..
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