- Randall Bartlett
Économiste en chef adjoint
Le Canada peut-il remporter son pari?
Dire que 2025 a été une année de grands changements pour le Canada serait tout un euphémisme. La confusion créée par l’actuelle administration américaine dans de nombreux domaines des affaires internationales a mis en évidence les vulnérabilités importantes qui découlent d’une dépendance excessive à l’égard d’un seul pays. Par conséquent, des alliances sont en train de se réorienter, et le rôle des États-Unis en tant que guide et leader de l’ordre économique mondial est plus que jamais remis en question.
Le commerce fait depuis longtemps la fierté du Canada. Mais quelle place occupons-nous réellement dans l’échiquier commercial mondial si la plupart de nos marchandises sont vendues à un seul client? S’agit-il plutôt d’une relation de dépendance? En fait, le commerce est beaucoup plus orienté du nord au sud que de l’est à l’ouest dans ce pays. L’économie canadienne est donc à la merci des coups de tête d’un gouvernement américain inconstant. En dépit de cela, la facilité avec laquelle nous pouvons faire du commerce avec notre voisin du Sud rend le tout irrésistible. À tel point, en fait, que de nombreux obstacles réglementaires au commerce ont été autorisés dans notre propre pays. Il est donc moins compliqué pour le Canada de commercer avec les États-Unis et l’Europe que l’Ontario avec le Québec. Et il est plus simple de s’approvisionner en minéraux critiques au Congo qu’à Kenora ou à Kitimat.
Mais « le monde et les temps changent », comme le dit la chanson. La menace économique existentielle posée par l’Administration Trump a donné un électrochoc aux leaders canadiens. Et c’est plus vrai que jamais dans le domaine politique. Il y a eu une élection fédérale ce printemps, qui s’est jouée sur la réponse aux décisions du président Trump. Depuis son entrée en poste, le premier ministre Carney a agi rapidement. Le délai entre l’annonce d’une politique fédérale et son adoption est maintenant beaucoup moins long. Depuis le 28 avril, le gouvernement du Canada a présenté un projet de loi pour éliminer les obstacles au commerce intérieur, accélérer le processus de construction des projets d’infrastructure jugés d’intérêt national et augmenter considérablement les dépenses en matière de défense. Parallèlement, les impôts sur le revenu des particuliers et des entreprises sont réduits, tandis que la taxe de vente fédérale sur la vente de certaines résidences est éliminée. Ne voulant pas être en reste, les premiers ministres provinciaux s’emploient activement à réduire les obstacles au commerce interprovincial tout en aidant les industries locales à trouver des marchés plus diversifiés pour leurs produits et services.
Tout cela est fait au nom de l’accélération de la croissance économique du Canada, tout en reconnaissant que dans l’avenir, l’économie sera probablement moins intégrée à celle des États-Unis. Toutefois, on ne peut pas se surprendre d’un certain scepticisme au sein de la population. Prenons les infrastructures, par exemple. Les élections fédérales de 2015 ont été remportées grâce à un programme qui prévoyait d’investir massivement dans les infrastructures canadiennes, et qui n’a finalement pas été à la hauteur de ses ambitions. Plus récemment, la Loi visant à bâtir le Canada, encore à l’étude, donnerait au fédéral le pouvoir de décider des projets qu’il juge être dans l’intérêt national et qui seraient alors admissibles à un processus d’approbation accéléré. Cependant, plusieurs nouvelles font depuis état de critiques à l’égard de ce projet de loi, allant des critères nébuleux pour la sélection des projets au respect de l’obligation de consulter les peuples autochtones et les dirigeants provinciaux. Si le gouvernement fédéral veut des conseils sur la façon de bien réaliser ses plans d’investissement dans l’infrastructure, il peut les trouver dans notre récent rapport Lien externe au site. sur le sujet.
L’engagement du Canada à augmenter considérablement et à accélérer ses dépenses en défense pour respecter ses engagements envers l’OTAN constitue également un changement radical dans le ton et la teneur de sa politique. Des investissements considérables en infrastructures, en équipement et en recherche et développement militaires sont attendus, tout comme une vague de nouvelles embauches. Selon notre analyse Lien externe au site., publiée la semaine dernière, les avantages économiques pourraient être considérables si le gouvernement fédéral réussissait à honorer cet engagement. Cependant, la route sera parsemée d’embûches.
Et rien de tout cela ne sera gratuit. Les déficits seront plus importants et la dette, plus élevée en raison de ces politiques. Toutefois, le gouvernement fédéral a décidé de reporter à l’automne la publication de ses prévisions financières. Ce n’est qu’à ce moment que les Canadiens et les Canadiennes connaîtront le coût financier réel de ces ambitions.
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