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Nouvelles économiques

États-Unis : première diminution du PIB réel en trois ans

30 avril 2025
Francis Généreux
Économiste principal

Faits saillants

  • Le PIB réel a diminué de 0,3 % à rythme annualisé au premier trimestre de 2025, selon l’estimation initiale des comptes nationaux. Cette variation contraste avec les gains annualisés de 2,4 % au quatrième trimestre et de 3,1 % au troisième trimestre de 2024.

Commentaires

C’est la première fois depuis l’hiver 2022 que l’économie américaine enregistre une contraction trimestrielle. Cela dit, comme à cette époque, la variation du PIB réel montre un portrait trop sombre de l’activité économique. À l’image de 2022, la baisse du PIB réel cache une nouvelle croissance de la demande intérieure finale. Celle-ci a augmenté de 2,3 % à rythme annualisé. C’est relativement lent par rapport aux trimestres précédents, mais ce n’est pas l’hécatombe. Cela signifie aussi que l’économie américaine n’était pas en récession au premier trimestre. Malgré une faiblesse du côté des biens durables, la consommation a continué de croître, tout comme la construction résidentielle et non résidentielle ainsi que l’investissement des entreprises.

 

Dans ce dernier cas, on remarque le gain de 22,5 % de l’investissement en équipements, le plus fort depuis l’été 2011 si l’on fait abstraction des mouvements liés à la pandémie. Il est cependant clair que cet élan est plutôt artificiel et ne pourra pas durer. Il faut y voir un devancement important d’activité alors que les entreprises ont cherché à éviter les futurs tarifs douaniers annoncés par l’administration Trump. Ces investissements, tout comme le bond de 140,1 G$ US de la variation des stocks, se reflètent dans le gain de 41,3 % des importations réelles. Il faut toutefois prévoir que cet effet de devancement se renversera au cours du deuxième trimestre.

 

Parmi les facteurs de faiblesse, on remarque une baisse des dépenses du gouvernement fédéral. La diminution s’est surtout effectuée dans la défense, mais la contraction de 1,0 % des dépenses non militaires est peut-être un reflet du DOGE et des coupes d’activités de certains départements depuis l’arrivée de l’administration Trump.

 

Que peut-on prévoir pour les prochains trimestres? Si la récession ne semble pas avoir débuté au début de 2025, elle pourrait tout de même bientôt rattraper les États-Unis. Le devancement d’activité provoqué par la crainte des tarifs fera place aux conséquences réelles de ceux-ci. Effet miroir de ce que l’on a vu au premier trimestre, une chute prévisible des importations, probablement surtout à partir du mois de mai, provoquera une diminution à la fois des stocks et de l’investissement. À cela s’ajoute la détérioration de la confiance et du revenu personnel réel, qui devrait miner davantage la consommation. Ainsi, les prochains trimestres pourraient eux aussi afficher des baisses du PIB réel, mais, cette fois, le signe négatif sera plus lourd de conséquences. 


Implications

La baisse du PIB réel au premier trimestre n’est pas trop inquiétante, la suite des choses pourrait l’être davantage. Pour le moment, la Réserve fédérale devrait rester à nouveau sur les lignes de côté, surtout que le déflateur des dépenses de consommation s’est montré plus élevé que prévu au premier trimestre. Toutefois, lorsque la dégradation de l’économie deviendra plus manifeste, des baisses de taux directeurs seront à prévoir.



NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.