- Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : l’inflation reprend-elle une tendance haussière avant même l’arrivée des tarifs?
Faits saillants
- L’indice américain des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,5 % en janvier, après une hausse de 0,4 % en décembre. Excluant les aliments et l’énergie, l’IPC de base a augmenté de 0,4 % en janvier, après une hausse de 0,2 % en décembre.
- La variation annuelle de l’IPC total a augmenté de 2,9 % en décembre à 3,0 % en janvier. L’inflation de base est passée de 3,2 % à 3,3 %.
Commentaires
L’année 2025 n’a pas bien commencé pour ceux qui espéraient voir une inflation plus faible, voire des baisses de prix. La hausse de 0,5 % de l’IPC total au cours du mois dernier a été la plus élevée depuis août 2023. On remarque une accélération des prix du côté des aliments. Touchés par la grippe aviaire qui sévit dans certains États, les prix des œufs ont bondi de 15,4 % en variation mensuelle désaisonnalisée! On remarque aussi une hausse de 1,1 % des prix de l’énergie, notamment du mazout, qui a subi un gain de 6,1 %. La hausse des prix de l’essence a été de 1,8 %, tout de même plus élevée que ce à quoi on s’attendait.
Excluant les aliments et l’énergie, la situation n’est guère mieux. La hausse mensuelle de 0,4 % de l’IPC de base est la plus élevée depuis avril 2023. On voit même une hausse notable du prix des biens (+0,3 %, la plus haute depuis mai 2023) après une stagnation en décembre. Le bond de 2,2 % du prix des automobiles d’occasion a fortement contribué à cette croissance. Du côté des services excluant l’énergie, on observe une hausse de 0,5 %, la plus élevée depuis mars 2024. Les prix du logement se sont un peu accélérés, essentiellement à cause de l’hôtellerie et des assurances. C’est surtout en excluant le logement que le bât blesse. Les prix ont augmenté de 0,8 % en janvier, la plus forte croissance en un an. À cet égard, on peut se demander s’il n’y a pas un peu de saisonnalité résiduelle mal captée par les ajustements effectués par le Bureau of Labor Statistics. Les prix des services de transport, dont la location ainsi que les assurances, ont particulièrement augmenté.
La récente tendance de l’inflation n’est donc pas très bonne. C’est un argument supplémentaire en faveur du statu quo des taux directeurs décidé par la Réserve fédérale il y a deux semaines et qui devrait se poursuivre au cours des prochaines réunions. C’est aussi ce qu’a laissé entendre Jerome Powell dans son témoignage devant un comité du Congrès.
De plus, il faut se rappeler que la lecture décevante des chiffres publiés aujourd’hui est pour le mois de janvier. Et beaucoup de choses se sont passées depuis qui pourraient influencer le cours de l’inflation en 2025. La hausse de 10 % des tarifs sur les importations de produits chinois en vigueur depuis le 4 février, les possibles tarifs de 25 % sur les marchandises provenant du Mexique et du Canada qui pourraient s’appliquer le 4 mars 2025, ceux sur l’acier et l’aluminium qui devraient entrer en vigueur le 12 mars et toutes les autres menaces protectionnistes provenant de la Maison-Blanche risquent d’alimenter l’inflation pour le reste de l’année ainsi qu’en 2026.
Implications
L’inflation semble avoir stoppé sa descente et la tendance de l’IPC total est même à la hausse. Il y a certes quelques facteurs ponctuels qui expliquent ce revirement, mais il faut tout de même se rendre à l’évidence que les pressions inflationnistes se montrent tenaces. À cela s’ajoutent les conséquences de la politique protectionniste du président Trump sur les prix. L’année 2025 risque d’être dure à naviguer pour la Réserve fédérale. Pour le moment, on peut penser que cette dernière ne reprendra pas son assouplissement monétaire avant la fin de l’été.
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