États-Unis : les résultats (en retard) de septembre affichent une modeste amélioration des embauches

À cause de l’impasse budgétaire, il a fallu attendre longtemps avant d’avoir ce rapport sur le marché du travail. Au moins, les nouvelles sont plutôt bonnes. Le gain de 119 000 emplois est plus que le double de ce qui était attendu par le consensus (+51 000). Même l’enquête auprès des ménages, malgré la hausse du taux de chômage, fait bonne figure avec une hausse de la population active et une création d’emplois appréciables.

On remarque aussi que les gains sont assez généralisés au sein de l’enquête auprès des entreprises. La proportion des 250 secteurs répertoriés qui ont enregistré une augmentation de leur nombre de travailleurs est passée de 49,0 % en août à 55,6 % en septembre. C’est la part la plus élevée depuis février dernier. La construction a enregistré son premier mois de hausse du nombre de travailleurs depuis mai et le plus fort en un an.

Les bonnes nouvelles s’arrêtent cependant là. Il y a aussi des sources de faiblesse, voire d’inquiétude au sein des données de septembre. On remarque que le secteur de la fabrication, si cher à l’administration Trump, a subi un cinquième mois consécutif de mises à pied nettes pour un total de 58 000 emplois perdus depuis le mois de mai. Il faut aussi noter la révision à la baisse des résultats précédents ainsi que l’évolution en dents de scie de la création totale d’emplois, avec des contractions nettes en juin et en août. La moyenne des embauches mensuelles nettes sur six mois est donc plutôt faible à 58 500 en septembre; c’est la moitié de ce que la même moyenne affichait il y a un an. Finalement, le fait que la météo ait été anormalement clémente en septembre, sans aucune tempête tropicale à toucher terre aux États‑Unis, peut avoir eu un effet positif.

Il faut surtout garder en tête que ce sont des données de septembre seulement, soit des résultats que l’on aurait dû connaître le vendredi 3 octobre, il y a 48 jours. Entre-temps, il y a eu la plus longue impasse budgétaire qui a affecté temporairement l’économie et le marché du travail. On sait également que les embauches nettes ont probablement été beaucoup moins positives en octobre à cause des purges du début d’année au sein du gouvernement fédéral, qui devraient être comptabilisées après une période de sursis. Il faudra attendre près d’un autre mois avant d’avoir de nouveaux résultats concernant le marché du travail. Les données d’octobre de l’enquête auprès des entreprises ne seront rendues publiques que le 16 décembre, en même temps que les résultats de novembre, et nous n’aurons même pas de résultats pour l’enquête auprès des ménages pour le mois d’octobre. Comme il n’y aura pas de nouveaux chiffres officiels d’emplois à se mettre sous la dent avant la prochaine réunion de la Réserve fédérale, il faudra continuer à jeter un coup d’œil sur des indicateurs alternatifs. Pour le moment, on sait que les annonces de mises à pied ont nettement augmenté en octobre et que l’enquête ADP affiche des résultats plutôt faibles sur la création d’emplois dans le secteur privé. Toutefois, les demandes initiales d’assurance-chômage demeurent relativement stables.

La création d’emplois en septembre a été meilleure que les attentes du consensus et même la hausse du taux de chômage ne paraît pas si inquiétante. Cela dit, le retard dans la publication de ces données en réduit l’utilité. Les prochains mois, notamment octobre, risquent de se montrer plus faibles, continuant ainsi le récent mouvement en dents de scie des embauches.