- Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège • Florence Jean-Jacobs, économiste principale • Sonny Scarfone, économiste principal
L’économie québécoise face au risque de guerre commerciale : points de vulnérabilité et recommandations de politiques
À l’heure où un nouveau choc externe – la menace de tarifs de 25 % sur la quasi‑totalité des exportations canadiennes vers les États‑Unis – rend le risque d’une récession bien réel au Québec, il y a lieu de s’interroger sur les leçons du passé et d’identifier les pistes d’action les plus avisées pour soutenir les entreprises québécoises.
Les actions des gouvernements devront tenir compte des effets contrastés des tarifs selon les secteurs d’activité. Il faudra agir de manière ciblée. Si plusieurs secteurs d’activité au Québec risquent d’être fragilisés par d’éventuels tarifs douaniers américains, en particulier le manufacturier, d’autres devraient être plus résilients, comme le tourisme et le commerce de détail. Selon notre analyse, les secteurs dits « vulnérables » représentent environ 25 % du PIB, contre 75 % pour les plus résilients. Environ 4 % des travailleurs québécois sont directement exposés aux exportations vers les États‑Unis, dans ces secteurs vulnérables. Les industries moins exposées au commerce extérieur pourraient tout de même subir des effets induits en cas de ralentissement économique généralisé occasionné par les tarifs.
Étant donné les caractéristiques de ce choc, qui touche principalement les exportateurs et qui pourrait perdurer pendant plusieurs années, nous avons recensé certains programmes mis en œuvre (ou déjà en place) lors des crises précédentes et particulièrement adaptés au contexte actuel. Il s’agit notamment de soutiens ciblés, de mesures favorisant la diversification des marchés, d’incitations fiscales à la relocalisation industrielle, ainsi que de programmes de formation et de reconversion pour les travailleurs affectés. En revanche, l’expérience récente appelle à la prudence quant aux aides universelles trop généralistes ou prolongées, tout comme aux prises de participation de l’État, sauf en cas de nécessité absolue. Dans tous les cas, une collaboration fédérale‑provinciale bien coordonnée sera essentielle pour maximiser l’efficacité des ressources publiques.
La situation actuelle représente une occasion d’accélérer la transformation économique du Québec, notamment via la diversification de ses marchés d’exportation, l’accélération des efforts visant à accroitre la compétitivité des entreprises, et la modernisation des infrastructures.
Le Plan québécois des infrastructures constitue un levier important dont dispose le gouvernement pour renforcer la compétitivité face à des tarifs américains. Des enjeux de coordination avec le fédéral devront toutefois être résolus pour éviter que sa mise en œuvre soit ralentie.
Si le commerce interprovincial représente une opportunité de diversification accessible, les gains attendus de la réduction des barrières au commerce interprovincial doivent être évalués avec prudence. Des obstacles politiques suggèrent que ces barrières ne pourront être retirées que partiellement. En revanche, et de par leur taille, les marchés d’Europe et d’Asie représentent un important potentiel pour les exportateurs, mais des mesures d’accompagnement s’imposent pour les aider à mieux connaître et comprendre ces marchés.
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