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Commentaire hebdomadaire

Consommateurs canadiens : un optimisme prudent est de mise

14 février 2025
Royce Mendes
Directeur général et chef de la stratégie macroéconomique

Outre les possibles tarifs douaniers, la croissance des dépenses de consommation (ou son absence) dictera le cours de l’économie canadienne cette année. Les dépenses des ménages représentent plus de la moitié de l’activité économique du pays. Même si nous croyons que la consommation pourrait de nouveau être une force en 2025, les perspectives sont extrêmement fragiles.

 

Solidité en 2024

L’an dernier, alors qu’un nombre important de prêts hypothécaires étaient renouvelés à des taux plus élevés et que le chômage augmentait, on se demandait si les ménages seraient contraints de sabrer dans leurs dépenses discrétionnaires. Bon nombre d’entre eux ont certes changé leurs habitudes, mais pas assez pour freiner l’élan de la consommation. C’est en partie parce que la croissance démographique a permis d’ajouter de nouveaux consommateurs à l’économie canadienne. Mais la résilience de la consommation est également attribuable à une dynamique surprenante sur le marché du travail.

En général, une hausse du taux de chômage annonce une décélération de la consommation et une augmentation des prêts hypothécaires en souffrance. Ce ne fut pas le cas l’an dernier. En effet, la progression du chômage s’explique principalement par la difficulté des nouveaux arrivants et des nouveaux diplômés à trouver du travail. Étant donné que ces groupes n’ont généralement pas beaucoup d’endettement ni de dépenses importantes, l’augmentation du taux de chômage n’a pas eu autant d’incidence sur l’économie que par le passé. La cessation d’emploi, qui reflète les mises à pied, est demeurée très faible l’an dernier. Il est important de noter que les ménages dont les prêts ont été approuvés et qui s’étaient lourdement endettés ont maintenu des revenus stables.

La hausse des salaires a également contribué à une bonne croissance du revenu disponible des personnes salariées. Selon notre analyse, elle a été particulièrement forte pour les travailleurs occupant des emplois moins bien rémunérés. Puisque ceux-ci ont tendance à rapidement transformer les revenus en dépenses, la progression des salaires a probablement contribué à la résilience des dépenses en 2024.

 

Nouvelle année, nouveaux défis

Toutefois, de nouveaux défis se présenteront cette année alors que certains vents économiques favorables se renverseront. Le nombre de résidents temporaires est en chute libre. Même si le gouvernement fédéral ne met pas intégralement en œuvre son plan très ambitieux pour réduire la population, il est probable que le rythme de croissance ralentisse cette année par rapport à l’explosion précédente.

Le seul point positif est que la diminution des résidents temporaires ne causera peut-être pas autant de dommages à l’économie que certaines entreprises le craignent. La baisse du nombre de résidents temporaires au Canada est jusqu’à présent attribuable à une réduction importante du nombre d’étudiants internationaux. Comme mentionné plus haut, ce groupe ne dépense pas beaucoup et aura donc moins d’influence sur le rythme global de croissance de la consommation.

Par conséquent, la possibilité de voir la croissance des dépenses des ménages ralentir légèrement en 2025 nous inspire un optimisme prudent. Cependant, il faut pour cela que les dépenses par habitant augmentent.

 

Condition de succès

Avec le retour de l’inflation à la cible de la Banque du Canada (BdC), la progression des revenus dépasse de nouveau celle des prix à la consommation. C’est nécessaire à l’accélération de la croissance des dépenses par personne.

Le déclin de l’inflation a, bien entendu, ouvert la porte à une baisse des taux d’intérêt. Cette baisse a probablement contribué dans une certaine mesure à soutenir la consommation au cours de la dernière année, mais il en faudra d’autres pour maintenir la croissance des dépenses des ménages sur la bonne voie. Comme le renouvellement de nombreux prêts hypothécaires pourrait occasionner d’autres chocs importants cette année, la BdC devra continuer de réduire les taux pour éviter une augmentation des prêts en souffrance. Les données concernant la richesse et l’endettement des ménages laissent entrevoir une certaine marge de manœuvre pour les consommateurs, qui pourront puiser dans leur épargne ou emprunter davantage pour stimuler leurs dépenses, mais certains ménages semblent déjà démontrer un certain stress financier.

Malgré les bonnes nouvelles concernant la capacité des ménages à rembourser leur prêt hypothécaire l’an dernier, plusieurs ont pris du retard sur d’autres dettes. Parfois, les retards sur ces produits annoncent des problèmes pour les prêts hypothécaires. Selon les réponses aux enquêtes, les ménages misent sur la poursuite des baisses des taux d’intérêt cette année pour éviter les défauts de paiement.

Par conséquent, les perspectives d’une autre année de solide croissance des dépenses de consommation sont incertaines. Avant même de tenir compte des conséquences potentielles d’une guerre commerciale, les dépenses des ménages entament l’année dans une position précaire. Les détaillants ne pourront plus compter sur l’explosion démographique et sur les ménages détenant un prêt hypothécaire abordable pour augmenter leurs recettes. Mais la BdC détient la clé pour éviter un ralentissement majeur de l’économie. Si la baisse des taux n’est pas une solution miracle, c’est néanmoins la meilleure option pour soutenir l’économie cette année.

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

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