- Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Énoncé économique de l’automne de 2024 : Beaucoup de drame. Peu de crédibilité fiscale.
L’Énoncé économique de l’automne de 2024 (ÉÉA) a été éclipsé par la démission du Cabinet de la vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, tôt le matin avant la publication de l’ÉÉA de 2024. Cela a retardé la diffusion des copies sous embargo de près de quatre heures. Au moment de la rédaction, Chrystia Freeland a été remplacée par Dominic Leblanc, ministre de la Sécurité publique.
Les chiffres fiscaux de l’ÉÉA sont encore pires que prévu. Alors que nous nous attendions à ce que le gouvernement du Canada (GdC) enregistre des déficits plus importants qu’anticipé dans le budget 2024, personne n'avait estimé que le déficit fédéral atteindrait une somme énorme de 61,9 milliards de dollars. Cela a largement dépassé l'un des ancrages fiscaux liés au déficit du gouvernement fédéral : maintenir le déficit de l’exercice 2023-2024 à un niveau égal ou inférieur à la projection du budget 2023, soit 40,1 milliards de dollars. Cependant, le GdC s'attend à maintenir un ratio déficit/PIB en baisse en 2024-2025 tout en maintenant les déficits en dessous de 1 % du PIB en 2026-2027 et les exercices suivants, l'autre ancrage fiscal lié au déficit. Mais le GdC peut remercier les révisions à la hausse du PIB nominal pour cela plutôt qu'une gestion fiscale prudente.
Les dépenses de programmes devraient augmenter de 28,6 milliards de dollars sur six ans dans l’Énoncé économique de l'automne de 2024 par rapport à ce qui était prévu dans le budget 2024, dont 24,2 milliards de dollars de nouvelles dépenses. Avec des dépenses de programmes plus élevées que prévu, il n'est pas surprenant que les charges de la dette publique ajoutent également davantage au déficit que dans le budget 2024.
Du côté des recettes, le gouvernement fédéral enregistrera 2,4 milliards de dollars provenant de la lutte contre l'évasion fiscale et 0,6 milliard de dollars de pénalités accrues pour les crimes financiers au cours des six prochaines années. Ce type de mesures est souvent inclus dans les prévisions fiscales pour faire fonctionner les chiffres, tout en étant rarement réalisé. Il est donc préférable de les considérer avec prudence.
Le ratio dette/PIB devrait diminuer progressivement après avoir augmenté cette année, mais pas aussi rapidement que prévu. En conséquence, le gouvernement fédéral s'attend à atteindre le seuil de son troisième et dernier ancrage fiscal : abaisser le ratio dette/PIB en 2024-2025 par rapport à l’ÉÉA de 2023, et le maintenir sur une trajectoire descendante par la suite. Ainsi, le Canada continue à se démarquer favorablement à ce chapitre par rapport aux autres économies avancées.
Nous sommes toutefois sceptiques quant à la capacité du gouvernement fédéral à respecter cet ancrage fiscal. Notre scénario économique tient compte des tarifs probables sur les importations américaines à partir de 2026, de la croissance démographique plus lente et du mur de renouvellements hypothécaires en 2025 et en 2026, et il ressemble beaucoup plus à la prévision économique pessimiste présentée dans l’ÉÉA de 2024. Étant donné que les dépenses augmentent avec chaque nouveau plan fiscal, les recettes fiscales devront augmenter pour compenser les dépenses supplémentaires et/ou les déficits seront plus importants, ce qui devrait entraîner une hausse supplémentaire de la dette.
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