- Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège • Randall Bartlett, économiste en chef adjoint
L'inflation bien subjuguée en mai, tant au Canada qu'au Québec
Faits saillants
- L’indice global des prix à la consommation a augmenté de 1,7 % en variation annuelle en mai, une progression identique à celle observée en avril et conforme aux attentes des économistes. Les prix ont crû de 0,6 % sur une base mensuelle, ou de 0,2 % après ajustement pour les fluctuations saisonnières. Le tableau 1 résume les principales données.
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Avec une inflation globale de 1,7 % en mai, l’augmentation des prix reste inférieure à la cible de 2 % de la Banque du Canada (BdC) pour un deuxième mois consécutif. La faiblesse de la croissance des prix de l’énergie, largement attribuable à l’élimination de la taxe fédérale sur le carbone en avril, demeure le principal facteur expliquant la progression modeste de l’indice des prix à la consommation d’ensemble (graphique 1). Nos analyses Lien externe au site. indiquent que sans cette modification fiscale, l’inflation aurait pu être jusqu’à 0,7 point de pourcentage plus élevée. L’effet modérateur devrait se faire sentir jusqu’en avril prochain (voir nos prévisions).
Mais les bonnes nouvelles pour mai ne s’arrêtent pas à l’énergie. Bien que toujours élevée, l’inflation alimentaire a ralenti durant le mois (graphique 2). L’inflation liée au logement a également perdu de la vigueur : la hausse des loyers a reculé après le rebond d’avril, et les coûts d’intérêt hypothécaire ont ralenti pour un 21e mois consécutif. De manière plus larges, les autres composantes de l’indice ont en moyenne affiché un ralentissement en mai. Cela survient malgré les pressions haussières liées aux tarifs de représailles, qui contribuent à accroître les prix des services liés aux opérations ménagères, de l’ameublement, ainsi que des vêtements et chaussures (voir nos analyses Lien externe au site.).
Les mesures privilégiées par la BdC pour évaluer l’inflation fondamentale — soit les mesures IPC-médian et IPC-tronqué — ont elles aussi signalé un apaisement des pressions sous-jacentes en mai. Sur une base annuelle, ces indicateurs ont progressé de 3,0 %, en baisse par rapport au sommet récent de 3,1 % observé en avril. Les moyennes mobiles annualisées sur trois mois de ces séries corrigées des variations saisonnières ont également diminué en mai. (À noter que ces mesures n’intègrent pas l’effet de la baisse de la taxe carbone, contrairement à l’inflation globale.) D’autres mesures de l’inflation sous-jacente à court terme ont même reculé davantage en mai, après avoir atteint un sommet de plusieurs années en février (graphique 3), ce qui suggère que le rebond observé en avril était de courte durée.
Le point sur l’inflation au Québec
L’inflation au Québec a reculé de 0,5 point de pourcentage, pour s’établir à 1,7 % en mai, au même niveau que la moyenne canadienne et à l’intérieur de la cible de la Banque du Canada. Comme la province n’a pas bénéficié de l’élimination temporaire de la taxe carbone, contrairement à d’autres, cela suggère que les pressions inflationnistes sous-jacentes y sont plus faibles que dans l’ensemble du pays. Rappelons que les provinces où la taxe est éliminée verront un rebond arithmétique de l’inflation en avril 2026, ce qui ne sera pas le cas au Québec.
Parmi les dix grandes composantes de l’indice, trois sont en déflation (vêtements, transport et loisirs), et deux autres affichent une inflation inférieure à 1 % (services liés aux opérations ménagères et accès à Internet). L’inflation des loyers a ralenti, passant de 7,2 % à 6,7 %, mais elle demeure nettement supérieure à la moyenne nationale, qui elle, est notamment tirée vers le bas par la décélération en Ontario. Le Tribunal administratif du logement du Québec a suggéré une hausse moyenne de 5,9 % pour 2025 — un sommet en 30 ans. Il faudra donc s’armer de patience avant d’observer un véritable répit du côté des loyers.
En revanche, l’inflation liée au logement en propriété continue de se modérer, étant passée sous les 4 % en mai, notamment en raison de l’atténuation des pressions provenant de la composante des taux hypothécaires. L’inflation alimentaire s’est établie à 2,9 %, sous la moyenne nationale — malgré les tarifs de représailles —, tandis que les prix de l’énergie ont pour leur part reculé de 6,3 % sur un an.
En somme, malgré la résilience des loyers et son effet sur les perceptions d’inflation, un examen attentif des données officielles confirme plutôt que l’inflation d’ensemble est bel et bien sous contrôle au Québec. Dans un contexte où l’économie québécoise est particulièrement visée par les tarifs américains (acier, aluminium, bois d’œuvre), où le taux de chômage devrait continuer de grimper — d’autant plus que le secteur public ne jouera plus le rôle moteur Lien externe au site. qu’il a récemment assumé dans la création d’emplois — et où les gouvernements cherchent à ralentir la croissance démographique, tous les ingrédients sont réunis pour une inflation bien maîtrisée au Québec dans les mois à venir. Cela rejoint d’ailleurs nos constats Lien externe au site. pour l’ensemble du Canada.
Implications
L’inflation de mai 2025 brosse donc un portrait favorable. La BdC s’était inquiétée, lors de sa réunion du début juin Lien externe au site., à propos de la réaccélération des mesures de l’inflation fondamentale, mais les données de mai tendent à confirmer qu’il s’agissait d’un phénomène transitoire. Avec une inflation globale sous les 2 % — et appelée à demeurer faible dans les mois à venir, en raison notamment de la suppression de la taxe carbone et du ralentissement économique Lien externe au site. — les anticipations inflationnistes pourraient reculer. Cela offrirait à la Banque du Canada une marge de manœuvre accrue pour assouplir sa politique monétaire. Ainsi, après avoir maintenu son taux directeur inchangé en juin en raison des incertitudes liées aux tarifs et du rebond temporaire de l’inflation fondamentale, nous estimons que la BdC pourrait reprendre les baisses dès sa réunion de juillet.
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