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Nouvelles économiques

Se préparer à la tempête? Les entreprises ont enregistré des bénéfices modestes, mais les investissements non résidentiels ont résisté au premier trimestre

30 mai 2025
Florence Jean-Jacobs
Économiste principale

Faits saillants

  • Les bénéfices des sociétés non financières canadiennes ont chuté de 19,1 % en variation trimestrielle annualisée au premier trimestre de 2025 (graphique 1). Selon les Statistiques financières trimestrielles des entreprises publiées la semaine dernière, la baisse des bénéfices dans certains secteurs manufacturiers explique les résultats décevants du bénéfice net au premier trimestre. Les fabricants de véhicules automobiles ont notamment affiché un bénéfice net avant impôts (BNAI) inférieur, en baisse de plus de 50 % en rythme annualisé par rapport au trimestre précédent et au même trimestre de l’année dernière. Une baisse importante a également été enregistrée dans la fabrication de boissons alcoolisées, de tabac et de produits du cannabis – un résultat attribuable à des dépenses ponctuelles liées à des règlements judiciaires. Les produits pharmaceutiques ont également enregistré une baisse de leurs bénéfices.
  • Cette faiblesse s’observe malgré la hausse des prix de l’énergie en janvier et l’intensification des exportations, qui ont stimulé les revenus du secteur de l’extraction pétrolière et gazière. D’autres secteurs liés à l’énergie ont enregistré une hausse de leurs bénéfices : la fabrication de produits pétroliers a enregistré la deuxième plus forte hausse du BNAI au premier trimestre, après l’extraction pétrolière et gazière. Cela fait suite à quatre baisses trimestrielles consécutives. Le transport par pipeline a aussi enregistré une hausse de ses bénéfices, l’incertitude liée aux tarifs douaniers ayant probablement incité les entreprises de ce secteur à accroître leur activité avant l’entrée en vigueur de tarifs douaniers.
  • Malgré l’incertitude économique, l’investissement non résidentiel des entreprises a progressé pour un deuxième trimestre consécutif, les investissements réels ayant augmenté de 4,0 % en variation trimestrielle annualisée (graphique 2). Les investissements en machines et équipements ont progressé de 22,9 %, toutes les catégories affichant des gains, les aéronefs et les pièces étant en tête. Cette résilience pourrait être liée aux efforts des entreprises pour devancer les droits de douane de représailles; en effet, les investissements canadiens en machines et équipements dépendent fortement des importations en provenance des États‑Unis (50,9 % des investissements en machines et équipements dépendaient d’importations directes et indirectes en provenance des États‑Unis en 2021).
  • Les investissements du secteur des entreprises dans les bâtiments non résidentiels, y compris les usines, ont également augmenté au premier trimestre (+4,7 % en rythme annualisé en termes réels). Toutefois, une baisse des investissements dans les ouvrages de génie (notamment dans le secteur pétrolier et gazier) ainsi qu’une diminution des dépenses en propriété intellectuelle ont pesé sur la croissance globale des investissements réels des entreprises (voir tableau 1 pour plus de détails).



Implications

Comme pour le PIB Lien externe au site., le contexte tarifaire brouille un peu les pistes quant à l’interprétation des données d’investissement et de bénéfices des entreprises au premier trimestre de 2025. Au cours d’un trimestre marqué par des menaces, des pauses et des exemptions tarifaires successives, les entreprises semblent s’être préparées à une éventuelle tempête en important des équipements essentiels des États‑Unis avant l’entrée en vigueur des contre-tarifs et en accumulant des stocks. Au premier trimestre, cet effet d’anticipation a même compensé le sentiment négatif des entreprises Lien externe au site., qui laissait présager une contraction imminente des investissements. Au bout du compte, un deuxième résultat positif consécutif de l’investissement non résidentiel des entreprises constitue une bonne surprise et offre un point de départ plus solide pour la suite.

 

Ce qui est moins certain, c’est la durabilité de cette tendance et son impact sur les bénéfices aux deuxième et troisième trimestres de cette année. Le bénéfice net du secteur non financier semble moins résilient, malgré les effets positifs de la hausse des prix de l’énergie en janvier. Avec la baisse prévue des prix du pétrole cette année, les bénéfices des entreprises ne bénéficieront plus de ce coup de pouce bénéfique. De plus, les difficultés du secteur automobile ontarien Lien externe au site. pourraient bien créer de nouveaux obstacles, l’incertitude ayant déjà une incidence sur les plans de production. Dans l’ensemble, les entreprises sont confrontées à des coûts plus élevés et nombre d’entre elles réorganisent leurs chaînes d’approvisionnement et ciblent de nouveaux marchés d’exportation – un processus qui promet des gains à long terme, mais qui nécessite des efforts et des dépenses considérables à court terme. La baisse des exportations et des dépenses de consommation risquant de peser sur les revenus, la rentabilité devrait rester sous pression dans plusieurs secteurs au cours des prochains trimestres.

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.