- Randall Bartlett
Économiste en chef adjoint
Canada : la faiblesse surprise de l'inflation en mars donne à la Banque du Canada une certaine marge de manœuvre
Faits saillants
- L'IPC global a augmenté de 2,3 % en variation annuelle en mars, ce qui représente un ralentissement par rapport à la progression de 2,6 % enregistrée en février et se situe bien en deçà des attentes des économistes (2,7 %). Les prix ont augmenté de 0,3 % d'un mois sur l'autre et sont restés stables après la correction des effets saisonniers. Le tableau 1 résume les principales données.
Implications
La baisse de l'inflation a été une surprise en mars, étant donné que la fin du congé de la TPS/TVH à la mi‑février laissait présager une accélération des prix des denrées alimentaires, qui étaient 3,2 % plus élevés en variation annuelle. Mais cette contribution à la hausse de l'inflation a été largement compensée par des hausses de prix plus modestes dans d'autres secteurs (graphique 1). L'IPC excluant l’alimentation et l’énergie était supérieur de 2,4 % à celui du même mois de l'année précédente, contre 2,9 % en février. La baisse des prix des voyages organisés (-4,7 %) et du transport aérien (-12,0 %), coïncidant avec une diminution du nombre de voyages aux États‑Unis, a largement contribué à ce résultat plus faible que prévu, tout comme les prix des services de téléphonie mobile (-8,8 %). Une baisse de 1,6 % des prix de l'essence en variation annuelle a également contribué à limiter la croissance des prix globaux.
En ce qui concerne l'inflation sous-jacente, les mesures privilégiées de la Banque du Canada (BdC) pour la croissance des prix en variation annuelle – l'IPC médian et l'IPC moyen ajusté – ont cessé de progresser en mars, restant à peu près inchangées à une moyenne de 2,9 % en glissement annuel (graphique 2). D'autres mesures de l'inflation de base ont ralenti plus fortement. La moyenne mobile annualisée sur trois mois de ces séries corrigées des variations saisonnières a légèrement ralenti par rapport au rythme du mois précédent. Cela suggère que la récente hausse de l'inflation sous-jacente pourrait avoir été moins préoccupante qu'on ne le pensait.
Le ralentissement de l'inflation en mars permettra sans aucun doute à la Banque du Canada de pousser un soupir de soulagement avant sa décision de demain. En effet, les marchés avaient augmenté les chances d'une réduction à près de 50 % au moment de la rédaction de ce rapport. Cela dit, nous restons d'avis que la Banque ne bougera pas en avril et qu'elle conservera ses munitions en prévision de l'imbroglio commercial qui s'annonce avec les États-Unis.
La Banque du Canada aura bien d'autres chats à fouetter sur le front de l'inflation tout au long de l'année. Tout d'abord, les tarifs douaniers devraient exercer une pression constante à la hausse sur l'inflation. Selon nos estimations Lien externe au site., cela pourrait ajouter jusqu'à 0,6 point de pourcentage à l'inflation totale au cours de l'année prochaine, même si le ralentissement de l'activité économique Lien externe au site. dû à la guerre commerciale pèse sur la croissance des prix. Mais ce phénomène sera compensé par la baisse des prix de l'énergie à partir d'avril 2025, à la suite de l'élimination de la taxe fédérale sur la pollution. Nous avons estimé Lien externe au site. que cela pourrait réduire l'inflation de 0,7 point de pourcentage immédiatement, et la maintenir à un niveau inférieur à celui qu'elle aurait sinon atteint l'année suivante. Cela ne réduira pas seulement l'inflation actuelle, mais, étant donné la nature très visible des prix de l'essence, cela pourrait également contribuer à contenir les attentes élevées des consommateurs en matière d'inflation. Nous ne sommes donc pas convaincus que la Banque du Canada ait déjà fini de réduire ses taux.
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