- Kari Norman
Économiste
Canada : les pertes d’emplois mensuelles consécutives dépassent les 100 000
Faits saillants
- L’emploi a diminué de 65 500 postes en août 2025 au Canada. Ce résultat décevant fait suite à une baisse de 41 000 emplois en juillet. La publication d’aujourd’hui a surpris les prévisionnistes économiques qui anticipaient, une croissance de 5 000 emplois. Le taux de chômage a augmenté de deux dixièmes pour s’établir à 7,1 %, ce qui est également pire que prévu.
- Le nombre total d’heures travaillées en août a peu changé, soit +0,1 % sur un mois et +0,9 % sur un an. La croissance du salaire horaire moyen a atteint 3,2 % sur un an en août, ce qui représente un léger ralentissement par rapport à juillet. Le tableau 1 résume les données clés.
- Nos premières estimations suggèrent que la croissance réelle du PIB sera globalement inchangée au troisième trimestre de 2025, après une contraction au deuxième trimestre.
Commentaires
Le marché du travail canadien s’est contracté en août pour un deuxième mois consécutif, marquant les premières baisses mensuelles consécutives de l’emploi depuis 2021. Bien que les pertes d’emplois aient touché tous les types d’emploi, la majorité concernait les postes à temps partiel et le travail autonome. L’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont enregistré les plus fortes baisses d’emploi. Le Québec a gagné 7 500 emplois au cours du mois et représente près des deux tiers des emplois créés cette année au Canada.
Le taux de chômage a fortement augmenté chez les travailleurs d’âge principal (25 à 54 ans), passant de 5,8 % à 6,1 % en août (graphique 1). Cette hausse s’explique par le fait que les pertes d’emplois ont principalement touché les travailleurs d’âge principal, avec une baisse de 93 000 postes, tandis que 56 000 personnes supplémentaires ont quitté le marché du travail. Au dernier mois du marché de l’emploi estival, les jeunes (15 à 24 ans) ont gagné environ 10 000 postes, ce qui a permis de compenser une partie des pertes du mois précédent, bien que leur taux de chômage demeure élevé. Notre récent rapport a examiné les facteurs expliquant le taux de chômage élevé chez les jeunes.
Les conditions du marché du travail continuent de se détériorer, le taux de chômage étant maintenant supérieur de deux points de pourcentage au creux historique atteint il y a trois ans. En effet, le taux de chômage atteint maintenant son plus haut niveau depuis près d’une décennie, en dehors de la période pandémique. Le chômage de longue durée continue d’augmenter, un chercheur d’emploi sur quatre d’âge principal étant sans emploi depuis au moins six mois (graphique 2). Les mises à pied permanentes poursuivent leur hausse, bien qu’elles demeurent sous les niveaux observés en période de récession.
La croissance salariale moyenne est restée globalement stable par rapport à juillet, à 3,2 % sur un an, bien en deçà des niveaux élevés de plus de 5 % observés après la pandémie. Les salaires devraient rester modérés pour le reste de 2025 en raison de l’affaiblissement de la demande de main-d’œuvre. Cela dit, les hausses salariales devraient continuer de dépasser l’inflation, soutenant ainsi la croissance réelle des revenus.
Implications
Malgré la levée des tarifs de représailles sur 44 G$ d’importations en provenance des États-Unis, le Canada demeurera plongé au cours des prochains trimestres dans une incertitude commerciale alors que l’ACEUM doit bientôt être renouvelé. De plus, la faiblesse pourrait s’étendre des secteurs exposés au commerce vers ceux qui le sont moins. Par conséquent, les préoccupations liées à l’inflation devraient passer au second plan et la Banque du Canada devrait reprendre son cycle de réduction des taux plus tard ce mois-ci. Nous continuons de prévoir que le taux directeur devra être ramené à 2,00 %, contre 2,75 % actuellement, afin de freiner l’hémorragie économique.
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