- LJ Valencia, économiste
Canada : les gains d’emploi se poursuivent en juin 2025
Faits saillants
- L’emploi total au Canada a atteint un sommet historique en juin 2025, avec un gain de 83 000 emplois (0,4 % m/m), à la surprise des prévisionnistes, qui ne s’attendaient à aucun changement. Le taux de chômage a ainsi reculé d’un dixième de point de pourcentage, à 6,9 %.
- Le nombre total d’heures travaillées a augmenté de 0,5 % en juin, après une croissance similaire en mai, et affiche une hausse de 1,2 % sur un an. La croissance du salaire horaire moyen s’est établie à 3,5 % a/a en juin. Le tableau 1 résume les principales données.
- Avec une croissance annualisée du PIB réel estimée entre -0,5 % et 0 % pour le deuxième trimestre, notre suivi se situe dans la fourchette des prévisions de la Banque du Canada publiées en avril, bien que des risques baissiers subsistent.
Commentaires
Le solide gain de 83 000 emplois en juin s’est réalisé malgré un affaiblissement de la confiance des entreprises attribuable aux tensions commerciales et à la baisse de la demande dans les secteurs de production de biens. L’emploi dans les services privés a mené la hausse, notamment dans le commerce de gros et de détail. Des gains modestes ont été observés dans les soins de santé et l’assistance sociale, un changement notable depuis décembre 2024. Même l’emploi manufacturier a réussi à progresser légèrement. L’Ontario a enregistré une hausse de l’emploi malgré les mises à pied dans le secteur automobile et la baisse de la production. Toutefois, le taux de chômage à Windsor a grimpé à 11,2 %, le plus élevé parmi les grandes villes canadiennes.
Les hausses d’emploi ont été concentrées chez les travailleurs du principal groupe d’âge (25 à 54 ans), dont le taux de chômage a reculé de deux dixièmes de point de pourcentage en juin, à 5,8 %. Le chômage des jeunes (15 à 24 ans) est demeuré inchangé, mais élevé, malgré le début du marché de l’emploi estival (graphique 1). Le taux de chômage des étudiants de retour aux études s’est établi à 17,4 %, en hausse par rapport à 15,8 % à la même période l’an dernier. Il s’agit du taux de chômage étudiant le plus élevé pour un mois de juin depuis 2009, à l’exception des années pandémiques. Les conditions du marché du travail demeurent difficiles, un chercheur d’emploi sur quatre du principal groupe d’âge étant sans emploi depuis au moins six mois, bien que le taux de mises à pied soit resté stable sur un an (graphique 2).
La croissance salariale moyenne a continué de ralentir, se maintenant à 3,2 % a/a en juin, en baisse par rapport au rythme supérieur à 5 % maintenu pendant la majeure partie de 2024 (graphique 3). On s’attend à ce que la croissance des salaires demeure modérée pour le reste de l’année 2025, alors que la demande de main-d’œuvre faiblit et que l’inflation de l’IPC global devrait se stabiliser autour de la cible de 2 % de la Banque du Canada.
Implications
À plus long terme, le Canada demeure coincé dans une guerre commerciale – bénéficiant d’un répit temporaire grâce aux exemptions de l’ACEUM lors de la « Journée de la libération » au début d’avril, mais confronté depuis le 4 juin à des droits accrus sur l’aluminium et l’acier, et potentiellement à des tarifs de 35 % dès le début août. Par ailleurs, les récentes annonces sur les cibles d’économies budgétaires par le gouvernement fédéral laissent présager de nouvelles réductions d’effectifs dans le secteur public. Dans l’ensemble, bien que les données d’aujourd’hui semblent encourageantes, il y a lieu de douter que le marché de l’emploi puisse demeurer aussi vigoureux, surtout à la lumière d’autres indicateurs économiques récents, beaucoup plus faibles. La publication des chiffres d’inflation prévue la semaine prochaine jouera probablement un rôle plus déterminant dans la décision de la Banque du Canada du 30 juillet. Nous maintenons notre prévision d’une baisse du taux directeur.
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