- Laura Gu
Économiste senior
Canada : Le marché du travail trébuche et les pressions tarifaires s’intensifient
Faits saillants
- Le marché du travail canadien a montré des signes avant-coureurs d’un affaiblissement en mars dans un contexte de turbulences commerciales, 33 000 emplois ayant été perdus au cours du mois, ce qui est inférieur aux attentes d’un rebond de 10 000 emplois. La baisse du taux de participation au marché du travail a presque maintenu le taux de chômage au même niveau, passant de 6,6 % à 6,7 % en mars, bien qu’il demeure sous le sommet de 6,9 % atteint en novembre 2024.
- Le nombre total d’heures travaillées a augmenté de 0,4 % par rapport au mois précédent en mars, après une baisse notable de 1,3 % en février, ce qui a permis à la croissance trimestrielle de progresser de 2,0 % en rythme annualisé. La croissance du salaire horaire moyen a ralenti et progressé à son rythme le plus faible depuis mai 2022 (mis à part les 3,5 % de janvier), pour atteindre 3,6 % par rapport à 12 mois plus tôt. Le tableau 1 résume les principales données.
- Nos prévisions de croissance du PIB réel canadien au T1 2025 s’établissent à un taux trimestriel de 2,0 % par rapport au trimestre précédent (à rythme annualisé) après la publication des données de mars sur l’emploi, ce qui est conforme aux prévisions du plus récent Rapport sur la politique monétaire (RPM) de la Banque du Canada (BdC).
Implications
Le marché de l’emploi canadien a subi des pressions en mars, marquant la première contraction mensuelle depuis janvier 2022. Les pertes d’emplois résultent d’une baisse des postes à temps plein (-62 k) et dans le secteur privé (-48 k). Malgré la baisse de mars, le marché du travail a créé 44,5 k emplois depuis le début de l’année, entièrement des postes à temps partiel (+91,2 k).
Les pertes d’emplois de mars ont été concentrées dans le commerce de gros et de détail (-29 k) et dans l’information, la culture et les loisirs (-20 k). La fin du congé de taxe de vente du gouvernement fédéral en mars a peut-être joué un rôle dans la baisse des embauches dans le commerce de détail et de gros. Quelques secteurs ont enregistré de légers gains d’emploi, probablement un retour à la normale après les reculs du mois dernier largement attribuables à la météo. Les pertes d’emplois étaient concentrées en Ontario (-27,5 k) et, dans une moindre mesure, en Alberta (-15,4 k) et au Québec (-4,9 k).
L’emploi a diminué dans toutes les tranches d’âge, mais le taux de chômage est resté stable (à 5,7 %) pour les travailleurs dans la force de l’âge (25 à 54 ans) ainsi que pour les Canadiens âgés de 55 ans et plus. Alors que d’autres groupes d’âge ont connu une certaine volatilité par rapport au mois précédent, la tendance générale du chômage est demeurée stable depuis la fin de l’année dernière.
La croissance de la population en âge de travailler a continué de ralentir, particulièrement celle des jeunes travailleurs (graphique 1). Malgré ce ralentissement, la population globale a augmenté à un taux trimestriel annualisé de 1,9 % au T1 2025, soit la progression la plus lente depuis le T2 2022, mais toujours bien au-dessus du rythme nécessaire pour atteindre l’objectif ambitieux Lien externe au site. du gouvernement fédéral.
La réduction des embauches en mars pourrait être un indicateur précoce des tensions sur le marché du travail canadien en raison des risques posés par les tarifs douaniers du président Trump. L’incertitude risque de freiner la croissance économique au cours des prochains trimestres et d’entraîner la poursuite des pertes d’emplois (voir nos plus récentes Perspectives économiques et financières Lien externe au site.). Compte tenu de l’incertitude persistante en matière de politique commerciale au sud de la frontière, la Banque du Canada adoptera probablement une approche attentiste lors de sa prochaine réunion du 16 avril, à moins que la chute actuelle des marchés ne se poursuive.
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