- Kari Norman
Économiste
Canada : quatre pertes d’emploi sur cinq en juillet touchent les jeunes
Faits saillants
- L’emploi total au Canada a reculé de 41 000 en juillet 2025, après une croissance de 83 000 en juin. Ce résultat a surpris les prévisionnistes, qui anticipaient une hausse de 10 000. Le taux de chômage est demeuré inchangé à 6,9 %.
- Le nombre total d’heures travaillées en juillet a peu varié, soit -0,2 % sur un mois et +0,3 % sur un an. La croissance du salaire horaire moyen a atteint 3,3 % sur un an en juillet. Le tableau 1 résume les principales données.
Commentaires
Le marché du travail canadien a effacé environ la moitié du gain exceptionnel enregistré le mois précédent, avec une perte de 41 000 emplois. Les pertes ont été particulièrement marquées dans le secteur de la construction (-22 000), ce qui soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la construction résidentielle dans un contexte de crise du logement. L’emploi dans les administrations publiques a peu changé (+4 000), malgré les annonces de compressions budgétaires du gouvernement fédéral. La perte de 51 000 emplois à temps plein en juillet a presque annulé tous les gains réalisés au cours du premier semestre de l’année.
Le taux de chômage est demeuré stable chez les personnes en âge de travailler (25 à 54 ans), à près de 6 % en juillet. Malgré la saison estivale propice à l’emploi, les pertes d’emplois ont été fortement concentrées chez les jeunes (15 à 24 ans), avec une baisse de 34 000 emplois, tandis que leur taux de chômage a atteint près de 15 % (graphique 1).
Les conditions du marché du travail se détériorent graduellement, le taux de chômage stagne à environ 2 points de pourcentage au-dessus du creux observé il y a trois ans, et les postes vacants sont moins nombreux (graphique 2). Le chômage de longue durée continue d’augmenter, un chercheur d’emploi sur quatre en âge de travailler étant sans emploi depuis au moins 6 mois. Les mises à pied permanentes ont légèrement augmenté, tout en demeurant sous les niveaux observés en période de récession. Néanmoins, des questions supplémentaires posées dans l’enquête révèlent que 96 % des travailleurs âgés de 25 à 64 ans se disent très confiants, assez confiants ou plutôt confiants quant à leurs perspectives d’emploi. Parmi ceux qui se disent peu ou pas du tout confiants, les principales raisons évoquées sont les mises à pied dans leur secteur (28 %), le manque de compétences, d’expérience, de formation ou de diplômes (14 %) et l’incertitude liée aux droits de douane (12 %). Moins de 7 % ont cité l’automatisation ou l’intelligence artificielle (IA) comme principale raison.
La croissance salariale moyenne est demeurée stable dans le secteur des biens à 2,8 % et s’est légèrement accélérée dans le secteur des services à 3,5 %, mais elle reste inférieure aux sommets de plus de 5 % atteints en 2024 (graphique 3). La croissance des salaires devrait rester modérée pour le reste de 2025, alors que la demande de main-d’œuvre s’essouffle.
Implications
À plus long terme, le Canada demeure enlisé dans une guerre commerciale, les droits de douane américains atteignant 35 % sur les biens non conformes à l’ACEUM. La Banque du Canada a maintenu son taux directeur inchangé Lien externe au site. pour une troisième fois consécutive la semaine dernière, notant que les contre-mesures tarifaires canadiennes pourraient ajouter jusqu’à 0,6 point de pourcentage à l’inflation. Mais en lisant entre les lignes, il semble que la Banque anticipe un retour à l’assouplissement monétaire plus tard cette année, comme en témoignent deux des trois scénarios présentés dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet.
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