- LJ Valencia, économiste
Canada : le déficit commercial s’atténue en mai, mais le redressement s’annonce ardu
Faits saillants
- Le déficit commercial de marchandises du Canada s’est réduit à 5,9 G$ en mai, après avoir atteint un creux record de 7,6 G$ en avril (graphique 1). Ce résultat s’est avéré légèrement meilleur que la prévision consensuelle des économistes, qui anticipaient un déficit de 6,0 G$. Voir le tableau pour plus de détails.
- Les exportations de biens ont augmenté de 1,1 % en mai, effaçant partiellement la forte baisse de 11,0 % enregistrée le mois précédent. Les importations, quant à elles, ont reculé de 1,6 %, affichant une troisième baisse mensuelle consécutive. En termes réels, les exportations ont progressé de 1,6 %, tandis que les importations ont diminué de 1,3 %.
- L’excédent commercial du Canada avec les États-Unis a légèrement augmenté, passant de 3,1 G$ à 3,2 G$ en mai (graphique 2). Toutefois, les exportations canadiennes vers les États-Unis ont reculé de 0,9 %, enregistrant une quatrième baisse mensuelle consécutive. De plus, la part des exportations canadiennes destinées aux États-Unis est passée de 75,9 % en 2024 à 68,3 %, l’un des niveaux les plus faibles jamais observés. Parallèlement, le déficit commercial du Canada avec les pays autres que les États-Unis s’est réduit, passant de 10,7 G$ à 9,1 G$.
- Le solde du commerce des services s’est détérioré davantage en mai, enregistrant un déficit de 760 M$. Les exportations de services ont légèrement diminué de 0,2 %, tandis que les importations ont augmenté de 1,8 %.
Commentaires
Sept des onze catégories d’exportation ont enregistré une hausse en mai, malgré les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis. Les produits métalliques et minéraux non métalliques ont affiché la plus forte progression (+15,1 %), soutenue par des exportations d’or ayant atteint un sommet historique. Les exportations de biens de consommation ont également augmenté (+2,6 %), en partie grâce à la hausse des livraisons de viande ainsi que de produits de la mer préparés et emballés, dont une grande part était destinée au marché japonais. En revanche, les exportations d’énergie ont reculé de 5,6 %, principalement en raison de la baisse des prix mondiaux du pétrole. Cela dit, le Canada continue d’afficher un important excédent commercial dans ce secteur (graphique 3).
Du côté des importations, des baisses ont été observées dans cinq des onze catégories. Les reculs les plus marqués ont été enregistrés pour les produits métalliques et minéraux non métalliques (-16,8 %) ainsi que pour les véhicules automobiles et les pièces (-5,3 %). Ces diminutions importantes ont suivi l’imposition de contre-tarifs par le Canada en réponse à certaines mesures commerciales américaines. Statistique Canada a par ailleurs rappelé que l’initiative de Gestion des cotisations et des recettes (GCRA) de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pourrait entraîner des révisions importantes des données sur les importations entre novembre 2024 et mai 2025. Les données doivent ainsi être interprétées avec prudence.
Implications
Malgré une amélioration de la balance commerciale du Canada en mai, les données indiquent une détérioration continue des échanges avec les États-Unis. En conséquence, les exportations nettes devraient retrancher environ 5,7 % à la croissance annualisée du PIB réel au premier trimestre, ce qui place notre suivi de la croissance dans une fourchette allant de -0,5 % à 0,0 %. Cette estimation demeure conforme aux prévisions présentées dans le Rapport sur la politique monétaire d’avril de la Banque du Canada.
À plus long terme, les tensions commerciales actuelles et la volatilité des échanges devraient continuer d’influencer fortement la croissance. Nos analyses récentes Lien externe au site. de l’activité économique et nos dernières projections Lien externe au site. suggèrent une conjoncture plus modérée pour l’économie canadienne au cours des prochains trimestres. Dans ce contexte, nous estimons que la Banque du Canada poursuivra graduellement l’assouplissement de sa politique monétaire d’ici la fin de l’année.
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