- Florence Jean-Jacobs
Économiste principale
Les bénéfices des entreprises ont rebondi au troisième trimestre, mais l’investissement privé demeure en berne
Faits saillants
- Après s’être détériorés au cours des deux premiers trimestres de l’année, les bénéfices des sociétés canadiennes non financières ont augmenté au troisième trimestre (graphique 1). Tant les bénéfices d’exploitation que le bénéfice net avant impôts ont progressé (+7,8 % et +25,7 % en rythme trimestriel annualisé, respectivement).
- L’amélioration des états financiers des entreprises a été généralisée, 25 des 39 industries affichant des bénéfices d’exploitation plus élevés. La hausse a été menée par la fabrication et l’extraction minière, tandis qu’une contraction des bénéfices dans le transport aérien a contrebalancé une partie de la progression, en grande partie en raison de la grève des agents de bord en août.
- Dans le secteur manufacturier, la production accrue de véhicules automobiles et la baisse des charges d’exploitation (liée en partie à des arrêts de production temporaires) ont soutenu les bénéfices au troisième trimestre. Cela après un recul au deuxième trimestre, attribuable aux tarifs douaniers. La fabrication d’autre matériel de transport (aérospatial, ferroviaire et naval) a vu ses bénéfices grimper pour un deuxième trimestre consécutif.
- L’industrie minière a profité de la hausse des prix des métaux, particulièrement de l’or. Un rebond de la production et des exportations de pétrole brut a également soutenu les bénéfices du secteur de l’extraction pétrolière et gazière.
- Des revenus plus élevés, attribuables à une saison touristique intérieure record, ont stimulé les bénéfices d’exploitation dans le secteur des arts, spectacles, loisirs, hébergement et restauration.
- Les améliorations de la rentabilité ne se sont toutefois pas traduites par une hausse de l’investissement des entreprises dans l’ensemble. L’investissement réel des entreprises en structures non résidentielles ainsi qu’en machines et matériel a reculé de 4,5 % (rythme trimestriel annualisé) au troisième trimestre (graphique 2 et tableau 1). Seuls les ouvrages de génie ont enregistré une hausse (+1,0 %), tandis que toutes les catégories de machines et matériel ont affiché des baisses, à l’exception des automobiles. Les dépenses des entreprises en produits de propriété intellectuelle ont également diminué, y compris en R‑D (qui avait pourtant augmenté au premier semestre).
Implications
Comme prévu, la faible confiance des entreprises et un environnement commercial imprévisible ont pesé sur les investissements privés non résidentiels au troisième trimestre. Le trimestre a été marqué par une hausse des tarifs universels imposés sur les exportations canadiennes non conformes à l’ACEUM[1] vers les États‑Unis (de 25 % à 35 %) et par l’application de tarifs américains de 50 % sur un éventail élargi de produits métalliques, ainsi que par de nouveaux tarifs chinois de 76 % sur le canola canadien. Les entreprises ont toutefois bénéficié d’un certain répit pour leurs importations en provenance des États‑Unis, grâce à l’abolition par le gouvernement fédéral de la plupart des tarifs de représailles Lien externe au site. à compter du 1er septembre.
Pour la suite, il faudra probablement du temps pour que l’investissement des entreprises se redresse après le frein induit par l’incertitude observée de janvier à septembre. En effet, selon la Banque du Canada Lien externe au site., les intentions d’investissement pour les 12 prochains mois sont demeurées au même faible niveau au troisième trimestre qu’au deuxième. Cependant, le budget fédéral récemment adopté Lien externe au site. introduit des mesures qui devraient encourager la croissance des dépenses en immobilisations des entreprises, notamment la « superdéduction pour la productivité », qui permet l’amortissement accéléré des actifs favorisant la productivité ainsi que des machines et du matériel de fabrication.
Le portrait de la rentabilité au troisième trimestre confirme que plusieurs secteurs de l’économie canadienne continuent de faire preuve de résilience malgré les politiques commerciales perturbatrices des États‑Unis (comme nous l’avons récemment observé Lien externe au site.). Les entreprises ont clairement pris des mesures pour s’adapter à cet environnement en mutation. Mais l’évolution future dépendra grandement de leur capacité à investir avec plus de confiance au cours des prochains trimestres.
[1] ACEUM : Accord Canada–États-Unis–Mexique.
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