L’argent et l’amour peuvent-ils faire bon ménage? Oui, tant que vous trouvez un terrain d’entente respectueux où vous et votre partenaire vous sentez à l’aise. Voici quelques pistes de réflexion pour vous aider à bien comprendre la dynamique au sein de votre couple et à créer un espace de discussion propice à la gestion de vos finances.
Gérer le déséquilibre des revenus
Pour plusieurs couples, c’est l’écart entre les salaires qui est difficile à gérer. Si une seule personne gagne des revenus très élevés, mais que les dépenses sont réparties à parts égales, l’autre pourrait avoir de la difficulté à suivre le même rythme de vie. Il pourrait sembler plus équitable que chaque partenaire contribue à la hauteur de ses moyens… mais dans un tel cas, est-ce que le point de vue de la personne qui paie le plus s’en trouvera avantagé lors des discussions concernant des projets de vacances ou un achat majeur?
Dans leur livre L’amour et l’argent, les sociologues Hélène Belleau et Delphine Lobet suggèrent quatre questions de base pour clarifier la situation :
- Qui possède l’argent? Même lorsque des partenaires affirment tout partager, des différences de revenu peuvent influencer comment l’apport de chaque personne est perçu.
- Qui a accès à l’argent? Est-ce que les deux partenaires ont accès aux comptes courants, à l’épargne et au crédit? Si une personne dépend de l’autre pour effectuer des transactions, ce rapport de force pourrait occasionner des tensions.
- Qui contrôle l’argent? Il pourrait sembler naturel que la personne qui contribue davantage à de grosses dépenses ait le dernier mot. Mais ce faisant, pourrait-elle augmenter le train de vie du couple et occasionner des sorties d’argent que l’autre considère comme non essentielles?
- Qui s’occupe de l’argent au quotidien? Préparer et mettre à jour un budget, payer les factures, transférer de l’argent d’un compte à l’autre : ce travail de gestion devrait être reconnu comme une tâche domestique au même titre que le ménage ou la cuisine. Mais s’en acquitter donne également accès à de précieuses informations sur les finances du couple.
Il importe de répondre à ces questions en toute sincérité et de communiquer de façon franche, ouverte et sans tabou. Discutez de vos attentes et préférences respectives en vous référant à vos différents relevés et documents financiers au besoin.
Voici quelques conseils pour entamer la conversation dans votre couple :
- En discuter, idéalement au début de la relation. C’est un sujet souvent tabou, mais c’est plus simple quand tout va bien.
- Décider comment seront gérées les finances personnelles : individuellement ou en couple.
- Établir un budget et déterminer qui paie quoi, et où va l’argent. Soyez équitable et évitez les pièges fréquents. Il faut bien répartir les dépenses courantes, l’épargne et les frais d’acquisition de biens (p. ex. : voiture, maison).
- Pour les éléments communs (p. ex. : fonds d’urgence, voyages, enfants, retraite, succession), il est important de planifier ensemble. Certains choix ont des répercussions sur la sécurité financière du couple.
- Être honnête. Ne cachez pas votre situation financière à votre partenaire… les choses finiront par se savoir!
N’oubliez pas : l’état civil a une incidence sur le partage des avoirs. Les couples mariés ont droit au partage du patrimoine, ce qui n’est pas le cas pour les conjoints de fait* sans contrat d’union de fait. Renseignez-vous sur les conséquences d’une séparation ou d’une fin d’union sur vos finances personnelles.
5 pièges à éviter au sujet de l’argent dans le couple
Ne pas en parler.
Utiliser un modèle « j’épargne » et « tu paies les dépenses ».
Négliger les documents légaux (contrat d’union de fait ou testament) qui éviteront des désagréments en cas de séparation ou de décès.
Penser qu’on a trop de dépenses pour se permettre d’épargner.
Laisser l’autre gérer le budget et les finances du couple sans s’impliquer.
3 méthodes de gestion des finances en couple
Voici trois méthodes couramment utilisées pour gérer les finances à deux, ainsi que les avantages et les défis pour chacune.
Conseil
Choisissez une approche de gestion qui correspond à votre réalité et faites-la évoluer selon votre situation. Par exemple, l’entente en vigueur pourrait devenir inéquitable pour un ou une partenaire qui ne touche qu’une partie de ses revenus habituels pendant un congé de parentalité ou une mise à pied temporaire. Au besoin, demandez conseil auprès de votre institution financière pour obtenir l’avis d’une ressource professionnelle neutre.
Partage 50-50
« Quand on fonctionne en partageant les dépenses 50-50, peu importe les écarts de revenus, chacun contribue de la même façon au paiement des dépenses communes », résume Hélène Belleau. Les couples peuvent choisir de comparer régulièrement les frais que chaque partenaire assume, ou encore de verser une somme fixe dans un compte conjoint en fonction d’un budget. Chaque personne conserve son propre compte pour ses dépenses discrétionnaires.
Cette méthode est souvent utilisée par les nouveaux couples qui n’ont pas encore d’enfants ou d’obligations communes importantes. « C’est une bonne manière d’apprendre à connaître l’autre et son rapport à l’argent sans prendre trop de risques, chacun demeurant propriétaire de ses revenus », précise la sociologue.
Cependant, cette approche nécessite de s’entendre sur ce qui est considéré comme une dépense commune ou pas et d’effectuer un certain travail de comptabilité. De plus, le partage des dépenses de façon égale n’est peut-être pas toujours équitable, surtout lorsqu’il y a un écart de revenus important entre les deux partenaires. Ce style de gestion peut désavantager une personne qui gagne moins en limitant sa capacité d’épargne.
Mise en commun
« Ici, l’argent est perçu comme un bien collectif, les revenus de chacun composent un “revenu familial” qui sert à payer autant les dépenses communes que personnelles », explique Hélène Belleau. Ce sont souvent les couples avec enfants ou ensemble depuis quelques années qui adoptent une telle approche.
Cette méthode est d’une grande simplicité, puisqu’elle élimine le besoin de répartir minutieusement chaque dépense entre les partenaires. Elle valorise aussi le temps non rémunéré consacré aux tâches ménagères et aux responsabilités familiales. « On gagne peut-être moins, mais on n’en est pas directement pénalisé », ajoute Hélène Belleau. Un des pièges de ce mode de gestion est de ne pas mettre en commun l’épargne également. Il s’agit d’une erreur fréquente qui, à long terme, peut désavantager sérieusement la personne qui fait plus de tâches ménagères, souvent la mère.
Pour ce type de méthode, il faut cependant avoir des priorités financières similaires et, bien sûr, se faire confiance. Des tensions peuvent surgir si la personne ayant un revenu supérieur finit par avoir, même inconsciemment, plus d’autorité sur les décisions financières.
Prorata du revenu
« Chacun intervient dans les dépenses en fonction de ses revenus, résume Hélène Belleau. La personne qui gagne moins paiera aussi moins de dépenses communes et, inversement, celle qui gagne plus contribuera davantage aux dépenses du ménage. » Cette méthode demande de s’entendre sur ce qui constitue une dépense commune et de déterminer la contribution requise de chaque partenaire. Des ajustements réguliers pourraient être nécessaires selon l’évolution des revenus et des dépenses.
Cette approche vise une distribution équitable des dépenses et protège une certaine indépendance financière. Une fois que chaque personne a payé sa part, elle est libre d’utiliser le reste de son argent comme bon lui semble. Cette entente permet aussi de reconnaître d’autres formes de participation au bien commun, telles que prendre soin des enfants ou s’occuper des tâches domestiques, en allégeant la contribution attendue.
Cependant, si l’écart de revenus entre conjoints est très grand, le budget pourrait ne pas être équitable, auquel cas la personne moins fortunée risquerait de s’appauvrir en vivant au-dessus de ses moyens. Une manière de rectifier ce déséquilibre est de s’assurer que les deux personnes épargnent également ou équitablement. De plus, il importe que les noms des deux partenaires figurent aux contrats d’achat des biens communs et durables (p. ex. : véhicule familial, propriété, meubles) pour éviter les déséquilibres en cas de séparation lorsque les conjoints ne sont pas mariés. « Ces biens sont achetés en commun, même si vous n’en avez payé que 10 % et même si c’est avec la carte de l’autre qu’ils ont été payés », rappelle Hélène Belleau.
Conseil
Chaque partenaire devrait garder un compte personnel afin de conserver son autonomie financière. Les petites dépenses individuelles pourraient causer des chicanes inutiles. Sans oublier que, si par malheur il arrive un décès, la Loi sur la remise des dépôts d’argent aux cotitulaires d’un compte qui sont des conjoints ou des ex-conjoints prévoit que la ou le cotitulaire survivant reçoit seulement la part du solde du compte qui lui revient, à moins d’une entente au préalable avec l’institution financière. Peut-être faudra-t-il patienter quelques semaines, voire plusieurs mois, avant de régler la succession de la personne décédée et d’obtenir le reste de l’argent.
Assurances : protéger la sécurité financière de tous et toutes
Chaque étape ou nouveau projet de votre vie de couple est une bonne occasion de faire le point concernant vos besoins de protection et vos bénéficiaires. Qu’arriverait-il si vous n’étiez plus en mesure de travailler à la suite d’un accident ou d’une maladie? L’assurance invalidité garantit des revenus si ce type de situation survient. C’est une option à considérer pour protéger l’équilibre financier au sein de votre couple. Une fois le stress lié à l’argent écarté, il vous sera plus facile de vous concentrer sur votre rétablissement.
L’assurance vie, quant à elle, permet de mettre votre partenaire et vos enfants à l’abri financièrement si vous décédez. Pour évaluer vos besoins et trouver les assurances adaptées à votre situation, contactez un conseiller ou une conseillère en sécurité financière.
5 sujets auxquels réfléchir à 2 :
- Testament (pour éviter que votre partenaire fasse l’objet d’une exclusion de succession)
- Assurances vie et invalidité
- Mandat de protection
- Études des enfants
- Projets communs (voyages, achat d’une propriété, retraite, etc.)
Bonnes discussions!